Helena Noguerra fait de jolies choses à Rezvani
Il a toujours été gâté, Rezvani. Francesca Solleville, Jeanne Moreau (justement, parait ce matin mon papier sur Le Tourbillon dans Le Figaro), Anna Karina d’abord, puis Mona Heftre, puis le plaisir de commencer à enregistrer lui-même à soixante-dix ans passés. Et voici que j’écoute depuis trois jours Fraise vanille, l’album de ses chansons par Helena Noguerra qui va paraitre dans quelques semaines. Elle lui a fait de bien jolies choses.
C’est délicieux, donc, avec un mélange d’éclatante sensualité (c’est Helena, quand même) et de petits bricolages farce, comme le mélange d’électro à 2 sous et de piano stride sur La vie s’envole, le banjo déglingué et les percussions détimbrées sur Tout morose, le comeladisme des arrangements de La Peau Léon, la clarinette qui fait une atmosphère de salon dans Les Mensonges… Vincent Delerm dans Les Mots de rien ou Katerine dans La Bécasse sont impeccables de simplicité et de charme efficaces. Tiens : j’ai gardé cinq chansons pour mon ipod, tout ravi d’une si généreuse moisson de légèreté.
Ce que raconte ce disque, qui est la plus ravissante chose que j’ai écoutée ces dernières semaines, c’est que peu à peu Rezvani se désexceptionnalise : on finit par ne plus le compter comme maverick, comme ange ou comme tireur chanceux au jeu des rimes habiles. Non : c’est un grand auteur, avec au moins une vingtaine de chansons de dimensions impressionnantes. D’ailleurs, c’est pourquoi on ne peut reprocher à Helena et Seb Martel l’orthodoxie timide de leurs arrangements sur J’ai la mémoire qui flanche. Interprétation après interprétation, appropriation après appropriation, on réalise que ce répertoire, que l’on prenait pour un ravissant mobilier de jardin, est en fait une merveille d’ébénisterie sur bois rares. On se sent soudain enrichi.
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