jeudi 9 août 2007

Noël Akchoté chez Kylie Minogue

Régulièrement, des musiciens de jazz ou des musiques improvisées s’emparent des musiques populaires. Le discours est toujours le même, d’ailleurs : longtemps, c’est ce qu’ont fait les grands ainés, qui allaient chercher à Broadway leurs standards. Ils tombent souvent côté confiture, il faut bien le dire (comme je suis un gentil garçon, je ne dirai pas de qui est le disque qui m’a endormi, il y a quelques temps, en prenant des grands tubes français des années 40-60 par le plus gnangnan de la mélodie). Il y a onze ans déjà, à l’époque de son disque The New Standard (Beatles, Nirvana, Simon & Garfunkel, Sade, Stevie Wonder), Herbie Hancock me disait qu’« il est aujourd’hui plus difficile de transformer une chanson de pop ordinaire en un thème de jazz ». Je pense que c’est assez vrai en termes de perte de sens harmonique et de chasse aux changements de mode chez les compositeurs des trente ou quarante dernières années. Mais je crois aussi pour un Tea For Two ou un Autumn Leaves (pardon Prévert), il y avait vingt mille sous-crottes.
Cela dit, le nouveau disque de Noël Akchoté est une réussite étonnante. So Lucky (sortie à la fin du mois, toujours chez Winter & Winter) est une série de reprises de Kylie Minogue et de ses parages à la guitare solo. Des notes étirées, des squelettes de mélodies, des rythmes implicites, une sorte de méditation cistercienne sur des chansons pop sulpiciennes. Une sorte d’épopée zen dans un foutoir faubourien. Et c’est admirable.
Je ne sais pas pourquoi c’est admirable. Une question d’équilibre, comme un miracle de légèreté. Ou plutôt comme ces instants matinaux d’hiver où la brume s’accroche encore au sol alors qu’à hauteur d’homme on peut voir à des kilomètres dans l’air absolument limpide. Je ne sais pas s’il ne serait pas arrivé à semblable miracle avec un autre répertoire (Lorie, Bézu, Oasis). En tout cas, malgré quelques poses, quelques complaisances çà ou là, il arrive à bâtir quelque chose qui figure comme une épure de l’épure. Je ne suis pas persuadé que cela corresponde à ce que les maîtres ont fait de My Favourite Things. Il y a une grâce, pourtant. Et cette grâce est suffisante.

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