Niels Lan Doky : enfin une chanson française convaincante dans le jazz
Je parlais il y a quelques jours du pensum que constituent certains albums de reprises jazz de chansons françaises. Secrètement, je pensais que le prochain disque du genre finirait sur la pile de ce que j’écouterai quand je serai à la retraite. Mais il y avait eu Italian Ballads de Niels Lan Doky, pianiste pour qui j’ai du respect et du goût, ce qui m’a fait écouter French Ballads (qui sort seulement le 10 octobre, mon Dieu !, j’ai du temps avant d’en parler dans le journal). Et c’est un des disques les plus musiciens de la saison. J’ai rarement entendu une telle richesse de lecture de grands gros thèmes de la chanson française, une telle profusion de couleurs dans le camaïeu d’une approche amicale des chansons. Le trio (avec François Moutin à la basse et Jeff Boudreaux à la batterie) est régulièrement prodigieux, pour tout dire. L’entrée de la contrebasse dans L’Hymne à l’amour et puis ces rubatos vertigineux, aussi déchirants que les mains de Piaf allant quêter l’amour devant elle, de part et d’autre du micro ; l’impeccable jazzité de Sous le ciel de Paris, écervelé comme on sait l’être à Broadway ; la contrebasse encore qui pose le thème dans Les Trois Cloches, avant le récit très romantique du trio ; le romanesque de La Bohème, qui a pris avec quelques angles, quelques aspérités, une ivresse délicieuse (les toms, les toms !)… Quelque chose de tout simple, mais d’une efficacité et d’une générosité étourdissantes.
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