Yelle, peste officielle
La peste est un joli rôle de la chanson française. Il y a les allumeuses, les garces, les ingénues, les dangereuses, les écervelées, toute une gamme de Gréco à Lio, de Bardot à Sabine Paturel. Cette saison, c’est Yelle. Le très réussi Je veux te voir avec l’attaque « Cuisinier avec ton petit sexe entouré de poils roux », d’abord. Gros succès Youtube et late night TV. La fraicheur d’une belle absence de complexe, d’une saine absence de censure – un tout petit frisson de nouveauté : une fille dit le mot « bite ». Puis la remise littérale et totalement inutile d’A cause des garçons, bricolage commercial un peu miteux. Album à la rentrée, donc. On sent déjà que tout le monde va noter Mon meilleur ami, ode au sex toy. S’il n’y avait que ça…
L’impression que ça me fait est celle d’un travail sympathique mais poussif, bien fichu mais dispensable. En gros, elle décline sur dix nouveaux titres le personnage de Je veux te voir, libertine, insolente et fielleuse, affranchie des bonnes mœurs comme du féminisme de Maman. Le ton de Zazie dans Zazie dans le métro dans une bouche de jeune adulte, une époque de mecs qui boivent des bières et regardent du X.
Hélas, cela sonne très vite très prémédité, très gadget. On est loin des colères d’Adrienne Pauly ou des rosseries de Constance Verluca, pour ne parler que du récent. Je crains qu’il n’y ait dans cet album pas grand-chose de plus que des gros mots avec une voix de fille, une couche d’électro habitée avec un petit ton teigneux. Et que cela ne soit, au bout du compte, que presque rien. C’est bêta. Elle aurait sans doute dû élargir le spectre à d’autres postures que celle de la peste. Je me demande si un directeur artistique n’est pas intervenu…
Par surcroit, il faudrait se méfier du non-féminisme, de cette posture qui consiste à dire « je ne suis pas militante, je n’ai pas à me battre, je veux être respectée en tant que personne et non uniquement parce que je suis une femme ». Je persiste à penser que la bonne réponse à une variété et à une télé qui bitchisent les filles n’est pas de parler du slip des garçons (ils vont se contenter de ricaner) mais un discours sérieux et grave. Je crains qu’en plus d’être une gentille peste officielle, Yelle ne soit aussi une complice active du rabaissement général de la femme, ces dernières années dans les cultures populaires.
5 commentaires:
le ton leger de ses chansons fait un bien fou, pourquoi la classer directement dans la categorie "fille rebelle", pourquoi la comparer à Adrienne Pauly ou autres Constance verlucca, pourquoi pas les plasticines !! Allez la voir en concert vous comprendrez surement .
bref
c'est interessant !
A+
Yelle
Franchement ta critique c'est pas trop ça...
Si t'aimes pas, t'aimes pas mais n'éssaye pas de faire genre article critique musicale en mettant des adjectifs de partout tout ça pour dire que t'aime pas son boulot.
A vos souhaits.
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